Pour cinq chanteuses (mezzo) et électronique
2018, 25 minutes
Commande du CIRM, centre national de création musicale (Nice) avec le soutien de l’état
Production réalisée à l’IRCAM et au Centre National de Création Musicale « Voce » de Pigna
Création le 9 décembre 2018, Musée national Marc Chagall, Nice
Mora Vocis – voix solistes au féminin
Réalisateur en informatique musicale : Thomas Goepfer
Projection sonore : Yan Maresz
L’œuvre est écrite pour 5 voix de femmes et électronique. La composition est constituée de parties enchaînées et utilise la langue corse. Elle s’inspire librement de la tradition musicale des chants monodiques populaires de l’île (Nanna, Sirinatu, Baddata, Voceru, Lamentu, etc.). On les retrouve dans la pièce dans des parties correspondantes et ordonnées dans le sens du temps de la vie, de l’arrivée au départ (qui est musicalement et traditionnellement rythmé de façon identique au niveau de la structure)
Musicalement, il s’agit ici pour moi de modèles dont je retiens certaines caractéristiques qui se prêteront à une réinterprétation à l’intérieur de mon univers musical. S’ajoute à cela certains aspects du chant polyphonique traditionnel qui m’intéressent particulièrement, comme par exemple l’étirement temporel et le caractère mélismatique des cadences, ou la largeur des intervalles de tierces.
Les textes proviennent de fragments anonymes ou non, certains mouvements pouvant n’utiliser qu’un seul mot, voire même qu’une seule voyelle.
La diffusion de l’amplification et de l’électronique est faite sur des points fixes traditionnels (diffusion frontale), ainsi que sur des haut parleurs miniatures individuels qui seront tenus dans la main des chanteuses. Ainsi, les déplacements des chanteuses dans l’espace (une des particularités de l’ensemble Mora Vocis) seront possibles et deviendront aussi une spatialisation sonore
La « partition » est constituée de 5 pistes audio individuelles (electro/concrètes), qui sont diffusées dans des casques à conduction osseuse pour chaque chanteuse. Cette « partition » audio est et à interpréter mimétiquement. Le modèle de transmission orale du répertoire et des techniques vocales caractéristiques de la Corse seront ici transmises par une méthode d’imitation instantanée. Ayant à faire à 5 voix de mezzo, les parties pourront donc être aussi interchangeables de manière à garder la spontanéité de réaction face au procédé.
NOTICE POUR L’EXÉCUTION
Dans cette œuvre, pas de partition au sens traditionnel du terme; mais plutôt une partition sonore, fournie sous la forme de pistes audio individuelles et diffusées dans des casques à conduction osseuse dont sont pourvues les chanteuses. Ces casques permettent d’avoir les oreilles « libres » et donc d’entendre parfaitement l’ensemble.
La partition sonore est à imiter le plus fidèlement possible quels que soient les types de sons entendus (vocaux, electro, concrets, etc) et adaptés selon les capacités de chacun, notamment au niveau des tessitures -qui ne doivent pas être changés- mais plutôt approchées le plus possible.
La partition audio contient aussi des indications littérales ainsi que des signaux identifiables qui servent de levées pour synchronisation quand nécessaire.
La pièce est constituée de :
– 5 pistes audio (guides) pour les chanteuses
– 5 pistes pour les hauts-parleurs à main JBL
– 2 pistes pour la diffusion en façade.
– une session Live (avec Max for Live) pour le traitement des voix en temps réel
Pour les audio guides
Voici les sons utilisés :
Signal d’indication
Indications entendues juste après le signal :
a, e, i, o, u, é, ou, siffler, fredonner, imiter, bouche fermée, marmonner, aller à la station, réservoir, 1, 2, 3, 4, 5, 6.
Décompte pour mise en place (toujours 4 temps de levée)
Le point de synchronisation est donc sur le 5è temps (non signalé) et la hauteur ou le son attendu.e est toujours donnée sur le 3è temps
Nomenclature
5 chanteuses, avec des « stations » (place + positions).
Adaptable à chaque lieu de représentation. Déambulations.
Électronique
Technique
5 Ear-monitor stéréo (Casque + HP) (Tx + Rx stéréo)
5 micros HF (DPA 4066) (connectique DPA)
5 Casques de type « AfterShokz Sportz Titanium Bone Conduction »
(ou bien casques ouverts)
5 enceintes portables (type JBL CLIP 3 Portable Bluetooth® speaker)
1 Console (5 In micros + 12 in Adat + 5 out Adat + 7 out)
1 Stéréo Frontale (12 pouces sur pieds) + subs
Informatique (+ carte son : 12 out. + 5 In)
1 *iPad mixage
Stations pour les différentes parties de la pièce
Les différentes parties qui constituent la pièce se chantent depuis les six positions fixes ci-dessous.
Tous les déplacements entre les stations se feront en sens horaire et à vitesse uniforme; les chanteuses arriveront donc les unes après à leur place.
Dans les stations 3 et 4, veiller à bien orienter le dispositif de diffusion mobile bers le centre du public.
Les moments de déplacements sont indiqués dans les guides audio.
En plus des 5 points de diffusions mobiles (directionnalités indiquées par les flèches), deux HP (+ 1 sub) seront en position de diffusion frontale
Les textes sont ceux qui sont utilisés dans la pièce.
Sans indication précise dans la partition audio, les textes de chaque section sont à considérer comme des réservoirs de mots et de sons.
- Les mots en gras doivent être choisis avec une fréquence plus haute.
- Les voyelles peuvent être individualisées -de même que les consonnes- et être allongées librement en fonction du contexte musical.
STATION 1 (Nanna)
Si spanna l’aria
U tempu s’assirena.
Luci la stedda,
A luna hè digià piena.
Ninni, nanna, u me figliolu
Addurmenta ti parpena.
STATION 2 (Serenata)
Auteur inconnu
Ne vogliu scrive lu to nome da sopra à tutte le stelle,
In paese più ne nasce cume tè belle zitelle.
Furtunatu sarà quellu chi ti metterà l’anellu !
STATION 3 (Paghella)
Vuleria chi per tè ogni ghjornu fussi festa
Di rosule profumate incurunà ti la testa
Cunduceti per la manu luntanu da la timpesta.
STATION 4 (Paghella)
Lu primu fiore chi nasce hè quellu di a viola,
Ma lu più chi mi dispiace hè chi a coglie lu sò sola,
Chi le pene di l’amore nun le sà ch’a chi le prova.
STATION 5 (Lamenti, Nanna)
Stefanu Luciani, prigiuneru di guerra 1914/1918
Venissi una rundinella
Ch’io la mandi messagera.
O venga puru una stella
A purtà la miò preghera,
E miò pene, lu miò amarore
Versu voi, mamma d’amore.
STATION 6 (Voceri)
La corcia da mè pinsaia
Chì ni farani avà d’eddu ?
Dentru l’arca a mi pinsaia
Ci fussi qualchì purteddu
Ma vidi ch’eddi u lamponi
In un tafunacciu nieddu.
Texte et prononciation
Page contenant les fichiers audio des lectures de Nicole et Toni Casalonga
https://drive.google.com/drive/folders/1AJ_srn2ktDk_Enqw4yeHV6x7OwRk7bV-?usp=sharing
Les textes en violet sont ceux qui sont utilisés dans la pièce.
Nanne
FORMA : SESTINE D’OTTURARIE 8/8/8/8/8/8
Nanna di Tallanu, publicata da Tommase in 1855
Quandi è po nascisti voi
Vi purtoni à battizani
La cummara fù la luna
E lu sole lu cumpari
I steddi ch’erai in celu
D’oru aviani li cuddani.
FORMA : 5/7.5/7.8/8
Nanna di Cinarca, racolta in 1930 da Ghjuvanni Morati
Vistu aghju u grillu
Chi salta à la ritrosa
Una lumaca
Chi vole esse a sò sposa
Dormi, dormi u me zitellu
Chi purtarè lu capellu.
Nanna di u Bambinu, cumposta da P.M ? de la Foata (1817/1899)
Si spanna l’aria
U tempu s’assirena.
Luci la stedda,
A luna hè digià piena.
Ninni, nanna, u me figliolu
Addurmenta ti parpena.
Serenati
Même forme que la paghjella ou le chjama e rispondi : 16/16/16
Ghjaseppu Giansily, dettu Pampasgiolu (1911/1977)
Saparete, o signurina, chì di poi quella sera
Certu vi ricurderete d’un terzu ghjornu di fiera,
Ùn ne riposu più in pace campu ghjustu à straziera.
Dumenicu Versini, dettu Maestrale (1872/1950)
Se vo durmite indù le piume svegliate vi un pucarellu,
Cantà vogliu un sirinatu sottu à lu vostru purtellu,
Un sirinatu degnu di lu vostru anellu.
Auteur inconnu
Ne vogliu scrive lu to nome da sopra à tutte le stelle,
In paese più ne nasce cume tè belle zitelle.
Furtunatu sarà quellu chi ti metterà l’anellu !
Raccoltu da Felice Quilici in 1947
Brunetta lu nostru amore quantu pocu n’hè duratu :
Hè cumminciatu d’aprile, di maghju s’hè terminatu !
Ha fattu come la scopa, hà fiuritu, ùn hè granatu.
Auteur inconnu
A mè mi pari d’esse nentru una prigione scura,
La chjave l’avite voi e la tenite sicura,
Di mette mi in libertà ùn ne vi fate primura.
Paghjella
O Culomba le to ale sò di petra calamita
Quand’e tu l’apri è li chjodi si cunsuma la mio vita
Si cunsuma à pocu à pocu cum’è la cera à lu focu.
Vuleria chi per tè ogni ghjornu fussi festa
Di rosule profumate incurunà ti la testa
Cunduceti per la manu luntanu da la timpesta.
Lu miò parsicu fiuritu cù li so fiori muscanti
Piantatu da le miò mani, innacquatu da li miò pianti,
Oghje lu si gode un altru u fruttu di li miò stanti.
Lu primu fiore chi nasce hè quellu di a viola,
Ma lu più chi mi dispiace hè chi a coglie lu sò sola,
Chi le pene di l’amore nun le sà ch’a chi le prova.
Dicenu ci à l’altru mondu si passa una vita nova,
Si riscontranu l’amanti e l’amore si rinnova.
S’ella fussi vera questa ne vurria fà la prova.
U me paese nativu à pede d’una muntagna
Mi face tamantu frescu l’alburu di la Castagna
Ùn barattu stu suggiornu per dà mi l’oru di Spagna.
Aghju fattu tutte l’arte, zappaghjolu e segantinu,
E po dopu aghju pruvatu ancu quella di u mulinu,
Ma la più bella hè questa : fà tutti i ghjorni festa !
Vecu nant’à ste rambelle dui ocellucci frisgiati,
Dopu avè si datu un basgiu si sò subitu piattati.
Sanu anch’elli chi l’amore à palesu ùn hà valore.
Lamenti
FORMA : TERZETTI : 11/11/11
Auteur inconnu
O barbara furtuna, sorte ingrata,
A tutti ammollisce u core in pettu,
Pensendu à quella libertà passata.
FORMA : TERZINU 16/16/16
Recueilli et publié en 1843 par Salvatore Viale
Erati la me culonna, erati lu me puntellu,
Erati la me grandezza, erati lu me fratellu,
La me perla urientale, lu me tisoru più bellu.
FORMA : SESTINA 8/8/8/8/8/8
Stefanu Luciani, prigiuneru di guerra 1914/1918
Venissi una rundinella
Ch’io la mandi messagera.
O venga puru una stella
A purtà la miò preghera,
E miò pene, lu miò amarore
Versu voi, mamma d’amore.
FORMA : OTTAVA 8×8
Francescu Mattei, 1980
Senza speranza ni fede
Cume l’omu pò campà ?
Forse per noi hè di crede
Ciò ch’e statu pò turnà.
A grana mai s’hè morta
In sta terra ingermata,
Si pò livà di rivolta
Senza avè la suminata.
FORMA : 7/11/7/11/7/11
Antuninu d’Ulmetu, vers 1850, dans la prison de Bastia
Eu sonu incarceratu,
Richjusu in un’antica sepultura,
Trà i ferri e laceratu
Sò diventatu un amorti in figura,
Piengnendu u puverinu
La cruda sorte, u barbaru destinu.
FORMA : 5/7/5/7/8/8/88
GHjuvanteramu Rocchi, 1980
Quassù la mufra
Sola la curciarella,
Tutta la notte
A chjamà si scanella.
Teme di vede la spenta
In celu l’ultima stella
Senza chi lu so mufrinu
Sia torna à cantu à ella.