Metal Extensions

Pour trompette et ensemble instrumental
2001, environ 18 minutes
Effectif : trompette solo et ensemble instrumental
Commande : Ensemble Intercontemporain
Création : 2 novembre 2001, Musikmonat, Bâle
Trompette : Antoine Curé
Direction : Jonathan Nott
D. & F. 15449

Commande de l’Ensemble Intercontemporain, Metal Extensions est une oeuvre un peu particulière dans ma production car elle repose sur les fondations d’une pièce plus ancienne, « Metallics » (1995) pour trompette solo et dispositif électronique, dont j’avais toujours eu l’intention de faire une version élargie pour trompette et ensemble. C’est aussi ma première confrontation, face à ce qui est progressivement apparu comme un défi, celui de la transcription la plus fidèle possible d’un matériau électronique dans le monde instrumental.
J’ai toujours été fasciné par les profonds changements de caractère qu’offre l’utilisation des sourdines pour les cuivres, démultipliant ainsi leur possibilités expressives. Pour écrire « Metallics », j’avais entrepris à l’Ircam une étude des propriétés acoustiques des principales sourdines utilisées par l’instrument : cup (bol), straight (sèche), harmon, wa-wa et whisper (sourdine d’appartement). Les résultats de ces analyses sont devenus le fondement harmonique, les générateurs de toutes les structures sonores et ont aussi dicté la forme de la pièce et donc, par extension, de ce concerto.
Cette forme est la raison d’être de chaque type d’événement se déroulant dans la pièce. C’est un parcours, (sous la forme de mouvements distincts) allant graduellement de la trompette ordinaire à la trompette avec la sourdine qui contient le plus grand taux de bruit (dans le sens de « composants bruités »), en fait, la sourdine qui déforme le plus le son original. Ce parcours n’est pas arbitraire, mais résulte directement du classement des sourdines selon leur taux de distorsion spectrale par rapport à la trompette « ouverte ». Les modes jeux de l’instrument soliste et donc, par répercussion la texture environnante, vont aussi dans la même direction et deviennent eux aussi de plus en plus « bruités » durant le déroulement de l’oeuvre.
Mais je voulais surtout – et avant tout – que cette forme soit aussi perçue comme une sorte de voyage; ainsi, le caractère musical de chacun des mouvements – élément saillant qui parle directement à notre perception – clairement lisible, est lui, dû à l’acceptation et à l’incorporation des archétypes sonores et des références musicales (inévitables, à mon sens) propres à la trompette et à ses différentes sourdines. J’ai pris la décision de porter cet élément au premier plan et ai donc volontairement enfoui toute la complexité de la structure dans les couches inférieures de la composition.

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